Expulsion d’un ressortissant haïtien (après le séisme)
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mercredi 24 mars 2010, par PAFHA
Expulsion d’un ressortissant haïtien
(Article paru dans "France Antilles" du 25 mars 2010)
II y a une semaine, les forces de l’ordre s’apprêtaient à rapatrier vers Pointe-à-Pitre un ressortissant haïtien, en situation irrégulière sur le territoire français, de l’aéroport d’Orly-sud. Un passager, Franck Alexandre est à bord de l’appareil avec sa compagne. « Après quelques minutes, le temps de s’installer, notre attention est retenue par des cris et un brouhaha qui proviennent du fond de l’avion d’où plusieurs policiers en civil et en uniforme s’agitent autour d’un homme noir »
Témoin de la scène, Franck Alexandre demande les raisons de l’expulsion et l’origine de cet homme. Le prévenu est Haïtien. Il s’appelle Charly. « sachant ce que ce peuple vient d’endurer et qu’il y a une trêve entre la France et Haïti, trêve qui permet à tout ressortissant haïtien de pouvoir demander l’asile sur le territoire français. » Révolté de voir le traitement réservé au « clandestin », il informe les policiers de la trêve depuis le séisme. « Ce M. Haïtien, menotte les mains dans le dos, les pieds liés comme si cette personne était un dangereux criminel, à tel point que l’un des policiers avait sa jambe gauche posée sur lui alors qu’avec ses mains, il lui tenait le visage afin qu’il ne puisse pas se débattre. Etait-il normal de le maintenir de cette façon aussi inhumaine, humiliante qu’inacceptable. » Charly criait à qui voulait l’entendre qu’il avait tout perdu, sa maison, ses proches et qu’il préférait aller en prison, que de retourner là-bas. Les cris ont alerté d’autres pas- sagers. Notamment un pédiatre de Saint-Vincent de Paul, qui s’enquiert de l’état de santé de ce passager particu lier. « II lui a pris le pouls tant Charly était dans un état de panique, de peur, de surten sion, d’angoisse et de nervosité extrême. Le médecin a même proposé de lui donner un cal mant, chose que les policiers ont catégoriquement refusée. »
Le commandant de bord sur le point de décoller demande de « cesser ce raffut ». Franck Alexandre refuse de s’asseoir et décide de rallier quelques passagers à sa cause. Pas assez pour contraindre le pilote de garder l’avion au sol. « J’appelle le service informa tions de France 2 et en informe le commandant par un ste ward. Après plusieurs minutes, il a annoncé qu’il était contraint de s’arrêter sur un parking en bout de piste pour débarquer un individu en situation irregu- lière ». ,
La Paf a récupéré Charly. Ce dernier, selon les dires du responsable reportage de France 2, était retourné au centre de rétention pendant quelques jours.
Franck Alexandre, après cet incident, a immédiatement écrit à Amnesty international. Il a noté les coordonnées des autres témoins, conservé les photos prises ce jour-là. « Dans l’espoir que mon intervention puisse permettre à toutes et tous ces Charly de vivre dignement et de refermer leurs blessures. »
Témoignage recueilli par le biais d’Amnesty International !