Le traitement inhumain des immigrés haïtiens en Guadeloupe
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mercredi 6 mai 2009, par PAFHA
Le 25 avril dernier, 16 représentants des associations Tèt Kolé, Tanbou Ginen, Amnesty international, Ligue des droits de l’Homme et Collectif contre la xénophobie se sont réunis avec le député Mme Pau Langevin, présidente du groupe socialiste sur l’immigration pour échanger sur la situation des immigrés en Guadeloupe, particulièrement les Haïtiens. On constate qu’il y a un mauvais accueil des étrangers à la sous-préfecture de Pointe-à-Pitre. Les demandeurs forment les files d’attente dans la rue, devant le bâtiment. Ils sont là depuis la veille, ils dorment sur place, à la belle étoile. Au matin, ils sont plus d’une centaine à attendre.
Entre 9h et 12h, un employé distribue seulement 5 tickets par jour. Une fois à l’intérieur, on donne aux heureux élus une date pour un futur rendez-vous avec une liste de papier à fournir. Les autres doivent retourner bredouille chez eux. Ils peuvent se présenter devant la sous-préfecture pendant 3 à 6 mois pour essayer d’obtenir un ticket qui leur permettrait d’accéder à l’enceinte du bâtiment et d’avoir une date pour un futur rendez-vous. Pour changer cette situation inhumaine, l’association Tanbou Ginen a demandé audience au sous-préfet qui lui répond « nous n’avons pas des moyens » pour améliorer la situation de l’accueil. Divers acteurs ont déjà dénoncé cette situation. D’abord par un courrier de la Ligue des Droits de l’Homme au sous-préfet, ensuite par deux pages du quotidien France Antilles en décembre 2008, puis par Amnesty international - section Guadeloupe et, le 15 avril 2009, par le président de l’association Comité international des peuples noirs (CIPN) qui menace d’interpeler le préfet de la Guadeloupe et de dénoncer cette situation au niveau international. Malgré ces nombreuses réactions, la situation reste la même..
En 2008, il y a eu 1665 reconduites à la frontière en Guadeloupe. Pour atteindre ce chiffre, les agents de la PAF (police des frontières) organisent des rapts dans des quartiers ou des plantations susceptibles d’abriter des « clandestins sans papiers ». Malgré l’interdiction de la loi, les agents de la PAF ont l’habitude de pénétrer dans les cases à 4h ou 5h du matin, à la recherche des « clandestins sans papiers ». Toujours contrairement à ce qu’exige la loi, certaines mairies refusent d’inscrire à l’école des enfants nés en Guadeloupe et dont les parents n’ont pas de carte de séjour. De même, les parents sans papiers ne peuvent pas ouvrir un compte bancaire et ne jouissent pas du droit aux allocations pour leurs enfants. A cela s’ajoutent les lois d’exception, en vigueur en Guadeloupe depuis 2006, sous la demande de certains élus. Selon ces lois, les agents de la PAF peuvent arrêter et reconduire un « sans papier » immédiatement à la frontière sans lui laisser le temps de faire appel contre l’arrêté préfectoral de reconduite à la frontière. Aussi, le recours des retenus avisés contre l’arrêté préfectoral est non suspensif.
Par Auguste Joint, sociologue et membre actif du milieu associatif haïtien en Guadeloupe.
Extrait de : Une semaine en Haïti – n° 927 - 05 mai 2009 Un bulletin du Collectif Haïti de France